Le pays
Par ses limites géographiques, son lac immense pareil à une mer intérieure, ses montagnes de faible hauteur enserrant une grande plaine aisément parcourue, ses vastes étendues régulièrement baignées par les eaux bénéfiques du grand Mékong dont le cours s'adoucit pour le traverser, le Cambodge est à la mesure de l'homme qui peut partout se déplacer à pied sans être arrêté par des barrières infranchissables.
Constitué d'une gigantesque cuvette bordée sur son pourtour par des montagnes qui en ferment l'accès, c'est un pays continental exposé à la sécheresse et à l’inondation, entièrement dépendant du Mékong qui lui apporte la vie. Large souvent de plusieurs kilomètres, le grand fleuve majestueux, aux flots assagis, mais toujours débordant aux pluies saisonnières, coule lentement dans la plaine et la fertilise. Rejoint par le Tonlé Sap qui donne naissance au Tonlé Bassac, il forme avec eux, devant Phnom-Penh, l’impressionnante immensité d'eau des Quatre Bras.
Au centre de la plaine, le Grand Lac et le Petit Lac constituent un monumental réservoir d'eau de près de 2500 km² qui quadruple à la saison des pluies, envahissant la forêt alentour. Les deux lacs sont tout à la fois alimentés et vidés par le même fleuve, le Tonlé Sap, qui par l'inversion annuelle de son cours, rythme le temps des Khmers. Aux premiers jours de juin, poussé par le courant du Mékong gonflé des premières pluies, son cours se stabilise puis s'inverse pour s'orienter sud-nord pendant près de trois mois. Ce phénomène étonnant est consacré au mois de novembre durant la pleine lune, pendant les trois jours de la fête des Eaux.
Le pourtour de la dépression est constitué de montagnes variées. Couvert d'une forêt dense, le Phnom Kravahn, le "massif des Cardamomes", ferme la cuvette à l'ouest, à une hauteur moyenne de 1000 m, d'où culmine le Phnom Aural, le plus haut sommet du Cambodge s'élevant à 1813 m. Plus au sud, le massif de l'Eléphant achève de clore le bassin cambodgien, le protégeant ainsi des alizés porteurs de pluie. Au nord, l'imposante et longue falaise des Dangrek, dominant brusquement la plaine d'environ à 500 m, où trône le temple sacré de Preah Vihear, inscrit en 2008 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO,forme une rupture brutale, délimitant nettement la frontière septentrionale du pays. Et vers l'est, au-delà du Mékong, les forêts couvrent les plateaux qui s'élèvent progressivement à une hauteur de quelque 900 m dans les provinces de Ratanakiri et de Mondolkiri.
Séparée du reste du Cambodge par les massifs montagneux de l'ouest, la côte maritime apparaît comme accolée à cet ensemble cohérent que constituent la plaine et les montagnes cambodgiennes.
Situé dans une zone proche de l'équateur, le Cambodge est soumis aux pluies saisonnières des moussons de mai à mi-novembre et à la sécheresse jusqu’à fin avril, caractéristique d’un climat tropical à l'alternance équilibrée, qui rythme la vie et les activités de tout le pays.
Un aperçu historique
Comme pour d’autres grandes et anciennes civilisations, le mythe a façonné l’histoire. Celle-ci débute aux environs de notre premier siècle avec des Indiens, à la recherche de routes commerciales reliant le monde occidental romain et la Chine. Au IIIè s. cette terre est un petit royaume maritime que les voyageurs chinois dénomment Fu Nan, s'étendant sur la côte de la péninsule indochinoise avec Angkor Borei pour dernière capitale. Au VIè s. les Chinois ne parlent plus de ce premier royaume mais évoquent le Tchen La.
Durant le VIIIè s. ce nouveau royaume se morcelle en deux parties: le « Tchen La de terre » au nord et le « Tchen La d'eau » au sud. La capitale remonte progressivement vers le nord, d’abord à Sambor Prei Kuk avec Içanavarman au début du VIIè s. puis, après le sacre de Jayavarman II sur le Phnom Kulen, à Roluoh, au nord-est du Grand Lac où il fonde au IXè s. Hariharalaya. Cette nouvelle capitale continuera d’être aménagée par Indravarman Ier à la fin de ce même siècle. Elle est la première capitale du genre angkorien qui se caractérise par l’utilisation d'un système hydraulique très élaboré et toujours plus sophistiqué, source de vie et, partant, de développement et de spiritualité pour les siècles à venir.
Yaçovarman Ier, au début du Xe s. déplace la capitale à quelque distance au nord-ouest de Hariharalaya, et établit Yaçodharapura, la première ville d’Angkor, avec le temple du Phnom Bakheng en son centre qui domine encore aujourd’hui le site prestigieux.
A partir des différentes capitales angkoriennes qui élèvent un nombre considérable de monuments durables, dont le temple d'Angkor Vat, œuvre du puissant roi Suryavarman II, l’empire khmer étend progressivement sa domination sur l’ensemble de la région. Ce développement atteint son point culminant, dans la deuxième moitié du XIIè s. sous le règne de Jayavarman VII. Fervent bouddhiste, roi bâtisseur à travers tout le pays, fondateur d’Angkor Thom, la « Grande Ville » dont le centre est le temple du Bayon, il recule les limites de l’empire.
Après sept siècles de grandeur à Angkor, la capitale des Khmers est de nouveau établie au sud du Lac, à Longvek puis à Srei Santhor et, enfin, en 1620, à Oudong jusqu’en 1866. A cette époque se forment les premiers contacts avec les Européens représentés par des missionnaires portugais et espagnols.
Du début du XVIIIè s. au milieu du XIXè s. l'histoire du Cambodge est celle d'une longue lutte contre les envahisseurs voisins qui se combattent ou s'entendent pour le dépecer, soutenant les princes et les usurpateurs au gré de leurs propres intérêts. En 1794, les Siamois s'emparent de la riche province de Battambang. Au sud, les Vietnamiens imposent leur domination sur toute la Cochinchine.
Désireux de rendre à son pays sa souveraineté, le roi Ang Duong (1842-1860) cherche dès 1844 un appui extérieur, mais sans succès. Cette aide sera obtenue par son fils le roi Norodom (1860-1904) qui accepte en 1863 l’intervention de la France sous la forme d’un Protectorat. Celui-ci aidera le Cambodge à entrer dans la période moderne et en fixera définitivement par un Traité franco-siamois de 1907les frontières actuelles, rétrocédant au Cambodge les provinces du nord dont le site sacré d’Angkor et celui de Preah Vihear.
La tradition monarchique du royaume étant respectée par le Protectorat : le prince Sisowath (1904-1927), demi-frère cadet du roi Norodom, monté sur le trône en 1904, a pour successeur l'un de ses fils, le prince Monivong (1927-1941). C’est son petit-fils, le prince Norodom Sihanouk, qui lui succède en 1941, à l’âge de 19 ans.
En novembre 1953, grace à la Croisade Royale et sans effusion de sang, le Cambodge est le premier pays de l’ancienne Indochine française à accéder à l’indépendance. Une période de paix et de prospérité, sous le Prince Norodom Sihanouk, permet au Cambodge des années 60, de jouir d’une indéniable expansion économique, sociale et culturelle, un havre de paix dans une région en guerre.
La guerre du Vietnam finit par s’étendre au Cambodge quand un coup d’Etat renversa le Prince Norodom Sihanouk et la monarchie le 18 mars 1970, l’entraînant dans une tragédie de plus de vingt années dont le génocide des Khmers rouges (17 avril 1975- expulsion précipitée de la population de toutes les villes purge et massacre jusqu’en 1979) en sera l’effroyable apogée : plus de 2 million ont péri, soit un quart de la population.
Après la chute des Khmers rouges, le 7 janvier 1979, la paix n’étant pas au rendez-vous, les survivants, traumatisés, ont du subir une autre guerre contre le retour des génocidaires. Ces derniers, regroupés le long de la frontière thaïlandaise et soutenus par certaines puissances sans âme, siègent encore à l’ONU.
Les Accords de Paris de 1991, mettant un terme à la guerre mais surtout à cette aberration, permettent deux ans plus tard, la tenue d’élections démocratiques qui se renouvellent régulièrement tous les cinq ans. Depuis cette date, le Cambodge a retrouvé un équilibre alliant ses traditions ancestrales aux exigences de la démocratie. Sa Constitution de 1993 établit une monarchie constitutionnelle, rétablit sur le trône le prince Norodom Sihanouk qui devient Roi du Cambodge, et confie la direction du royaume à un gouvernement élu dont le Premier ministre est Samdech Hun Sen depuis les élections législatives de 1998. C’est également à partir de cette date, année de la reddition des dernières forces de Pol Pot, que le pays connaît une paix totale dans son intégralité et reprend sa place dans la communauté des nations. Sa Majesté Norodom Sihamoni succéda à Son Auguste Père en 2004.
Des élections communales, réalisées en février 2002, puis en 2007 et municipales en 2009 ont confirmé l’ancrage du Cambodge dans une démocratie moderne.
Cette évolution politique assure au pays une stabilité interne, une ouverture au monde et un développement économique, social et culturel remarquable en l’espace d’une douzaine d’années de paix retrouvée.
L'EMPIRE KHMER: BREF RAPPEL HISTORIQUE: Se référer à :
1- National Geographic Magazine, Edition de juillet 2009;
2- Hugues TERTRAIS, Editions Autrement 2004; Collection Atlas des Guerres d'Indochine 1940-1990).
LE DIFFEREND FRONTALIER KHMERO - THAILANDAIS :
Ce différend ne date pas d'hier, ni ne finira pas demain. Il prend son origine dans l'histoire de l'expansion siamoise aux dépens de l'ancien empire khmer qui dominait à l'époque la majorité de la péninsule indochinoise. Elle marque seulement une pause suite à la signature des Traités et Conventions franco-siamois de délimitation de frontières de 1904 et 1907. Le récent "conflit frontalier", clairement provoqué par la Thailande, n'est qu'un rebondissement lorsque le temple khmer de Preah Vihear a été inscrit sur la liste de patrimoine mondial de l'humanité en juillet 2008 à Québec. Car, malgré les Traités et Conventions internationaux, l'Arrêt de le CIJ de 1962 sur Preah Vihear, la Thailande n'a pas abandonné son vieux rêve panthai de conquête territoriale sur le Cambodge et n'hésite pas à passer outre les limites du raisonnable.
Pour rafraichir notre mémoire, nous reproduisons ici un extrait d'une lettre en date du 28 octobre 1968 de notre ancien Ambassadeur auprès de l'ONU, adressée à l'éditeur du "The Christian Science Monitor":
"Monsieur,
Votre numéro du 14 octobre 1968 a publié une lettre du Représentant par intérim thailandais aux Nations Unies.
Cette lettre thailandaise porte le titre "Unjustified accusations".
....
Le Représentant par intérim thailandais, malgré ses manoeuvres désespérées,ne peut nullement falsifier l''Histoire, ni empêcher les Khmers d'être fiers de leur "past glory of the Khmer Empire" à l'époque où le Siam(Thailande) n'était que le petit royaume de Sukhotai.
Je tiens à rappeler au Représentant par intérim thailandais que le Cambodge n'a jamais été responsable d'aucun "border conflict" avec ses voisins.
Le Représentant par intérim thailandais devrait se rappeler qu'en 1940-41, la Thailande,forte de l'appui du Japon fasciste, avait annexé plusieurs provinces cambodgiennes, violant ainsi les traités internationaux de frontières de 1907 et 1937. Ces provinces cambodgiennes ne furent retournées au Cambodge qu'après la capitulation japonaise.
En effet, après la défaite des puissances de l'Axe fasciste, les dirigeants thailandais signaient l'accord du 17 novembre 1946 qui consacrait expressément la remise en vigueur du Traité de frontières de 1937. Ces mêmes dirigeants thailandais acceptèrent également le rapport de la Commission de conciliation franco-siamoise de Washington du 27 juin 1947. Il convient de noter que cette commission comprenait entre autres des représentants des USA, de la Grande Bretagne et du Pérou.
.....
Depuis plusieurs années, le Prince Chef de l'Etat du Cambodge a proposé à la Thailande une déclaration conjointe de respect mutuel de la frontière commune actuelle. La Thailande a rejeté cette proposition cambodgienne qui, comme je l'ai souligné dans ma déclaration au débat général de l'Assemblée Générale de l'ONU le 21 octobre 1968, reste encore valable. Si la Thailande ne nourrissait pas des ambitions territoriales à l'égard du Cambodge, elle devrait accepter cette proposition cambodgienne relative au respect de la frontière commune actuelle.
Le Représentant par intérim thailandais se trouve en contradiction avec lui-même, quand il a rappelé la réserve faite par son gouvernement sur le jugement de la Cour Internationale de Justice dans l'affaire de Preah Vihear.
Il convient de rappeler que c'est par 9 voix contre 3 que la Cour Internationale de Justice avait confirmé la souveraineté du Cambodge sur Preah Vihear.
Il convient également de rappeler que la Cour Internationale de Justice est l'organe judiciaire principal de l'ONU et que selon l'article 60 de son statut, "l'arrêt est définitif et sans recours".
La réserve du gouvernement thailandais montre sans conteste la duplicité de ce gouvernement qui, après avoir accepté la juridiction de la Cour, conteste son jugement, car ce jugement lui est défavorable. Autrement dit, la Thailande ne reconnait que sa "loi", et elle voudrait dicter sa "loi" à la Cour.
La réserve du gouvernement thailandais montre également sans équivoque - et ceci le Représentant par intérin thailandais ne peut le nier- que la Thailande maintient toujours ses visées expensionnistes sur le territoire cambodgien.
....
Signé: HUOT SAMBATH,
Représentant Permanent du Cambodge. ( à l'ONU)
(BMD du 21 au 30 juin 2009).
De ce qui précède et au vu des "delay tactique", des négociations de façade, des provocations journalières et des occupations militaires d'une partie du territoire cambodgien, les soldats thialandais ne sont prêts à se retirer demain et respecter l'intégrité territoriale cambodgienne. Comptant sur son rapport de force et sur le silence complice des puissances étrangères, les dirigeants thailandais affichent une arrogance sans complexe.
LES FESTIVITES TRADITIONNELLES :
Avril = Nouvel An khmer :
Célébré généralement les 13, 14 et 15 avril, coîncidant avec la fin des travaux des champs(ramassage de la moisson du paddy)
MAI = Fête du Sillon Sacré :
La cérémonie du premier labour ou Fête du Sillon Sacré, est la première des fêtes agraires.
Dans le passé, au jour choisi par les astrologues du Palais, le Roi traçait le premier sillon dans une rizière symbolique de la capitale, inaugurant ainsi la saison des labours.
Aujourd’hui, le rituel est accompli par un haut dignitaire, incarnant pour l'occasion le roi de Meakh, qui mène l’attelage et laboure. Sa femme, dans le rôle de la reine Me Hour sème les graines. Après avoir fait trois fois le tour de la rizière, la procession s’arrête à une chapelle où des brahmanes invoquent la protection des dieux. Les bœufs sacrés sont dételés et conduits devant sept plateaux d’argent contenant du paddy, du maïs, des haricots et d’autres denrées. Leur choix permet de faire des prédictions pour l’année à venir. S’ils choisissent les céréales, la moisson sera bonne. S’ils mangent les herbes, les maladies sont à craindre pour le bétail. S’ils boivent de l’eau, les pluies seront abondantes et la paix règnera, mais s’ils boivent de l’alcool, le Royaume sera confronté à des problèmes.
MAI = Anniversaire de SM le Roi Norodom Sihamoni,
JUIN = Anniversaire de la Reine-Mère Norodom Monineath Sihanouk,
SEPTEMBRE = Fête de Pchum Ben à la mémoire des ancêtres.
OCTOBRE = Anniversaire du Couronnement de SM le Roi Norodom Sihamoni
31 Octobre : Anniversaire de Sa Majesté le Roi-Père
Fête de KATHEN :
Le Kathen est une cérémonie d’offrandes aux bonzes, célébrée à la sortie du Vossa, c’est-à-dire en septembre. Cette manifestation de la piété populaire commence un soir par la réunion des fidèles afin d’écouter les prières et les sermons des bonzes de la pagode, et se prolonge par des réjouissances diverses : musique, théâtre, chants…
Le lendemain, les fidèles en habit de fêtes se rendent à la pagode en cortège, musique en tête, pour offrir aux bonzes de nouvelles robes de couleur safran et diverses denrées alimentaires. On ne rentre souvent que tard de la fête, l’une des plus joyeuses de l’année.
9 Novembre : Fête de l’indépendance
Le 9 novembre 1953, le Cambodge retrouve son Indépendance. Chaque année, l’événement est commémoré par des cérémonies au Monument de l’Indépendance. Défilés et parades se produisent dans les grandes villes du Royaume.
Novembre : Fête des eaux :
La Fête des Eaux est la plus grande fête traditionnelle du Cambodge. Rituellement fixée à la pleine lune de novembre, elle marque la fin des crues, et phénomène unique: le renversement du courant du Tonlé Sap, et enfin le mûrissement des récoltes. Selon la tradition, elle correspond au retour de Nagas fertilisateurs dans le lit du fleuve et des rivières, traduction poétique de l'influence bénéfique de la crue. Devant le Palais Royal, chaque après midi, les courses de longues pirogues décorées, représentant les provinces et les pagodes du Royaume, constituent un spectacle haut en couleurs et très populaire. Feux d'artifice et processions de bateaux illuminés animent les soirées. Depuis 1994, des courses de pirogues sont organisées dans les douves d'Angkor Vat.